Selon André Jolivet, la musique doit garder « son sens originel antique, lorsqu’elle était l’expression magique et incantatoire de la religiosité des groupements humains ». Qu'en a-t-il été au cours du XXe siècle? De quelle manière le sentiment religieux s’y est-il exprimé? Cette traduction d'une croyance a-t-elle différentes expressions d'un continent à l'autre? Les religions extra européennes ont-elles durablement influencé la musique occidentale? Plus largement, le sacré, le rituel ou la référence religieuse, même détournés, sont-ils au XXe siècle et encore aujourd'hui partie prenante de la composition ? Comment les formes musicales liées à la liturgie ont-elles perduré ?
L'outil électroacoustique a-t-il permis de transformer ce lien entre écriture et expression d'une croyance? N’a-t-il pas renouvelé les moyens de poser les questions d'ordre métaphysique en composition? Comment la référence au religieux se manifeste-t-elle dans l'entrelacs complexe de résonances sémantico-musicales des musiques de la fin du XXe siècle? Les réflexions que les recherches en philosophie, la psychanalyse ou les sciences cognitives ont mené ont-elles également modifié sensiblement les articulations entre mémoire (collective : en Occident par exemple, l'empreinte de la religion chrétienne) et création ? Les guerres au XXe siècle et plus largement, la violence, la domination d’un peuple sur un autre ont-ils ravivé ou modifié la présence du sacré ou du religieux dans l’écriture musicale ? Comment le symbolisme voire le mysticisme du début du XXe siècle, notamment en littérature, se sont-ils exprimés en musique ? Le spirituel se situe-t-il en amont de l’œuvre musicale ? La musique peut-elle encore être une interprétation des textes sacrés ? La question des rapports du corps et de l’esprit a-t-elle été ravivée ?
Toutes ces questions n’ont pas encore trouvé de réponses mais les articles présentés ici nous proposent quelques pistes qui mériteront sans aucun doute de plus amples prolongements ultérieurement.