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Résumé du projet de thèse

La thèse "Narrativité et interprétation : l'exemple des pièces de caractère pour piano du romantisme allemand (1820-1860)" propose d’utiliser la narratologie comme grille de lecture moderne en vue d’une interprétation de pièces brèves pour piano du XIXe siècle. J’étudie la période allant des années 1820 à la fin des années 1850 : la publication en 1826 des Sieben Charakterstücke de Félix Mendelssohn marque un renouveau du genre et précède les années 1830, années de la composition de la majorité des pièces brèves pour piano de Robert Schumann. À partir de 1834, le Neue Zeitschrift für Musik, fondé par Robert Schumann, publie des avis de parutions et constitue une importante base de données pour recenser les nombreuses pièces parues au cours de cette période. Le terme de “charakter” en allemand désignant aussi bien un trait de personnalité qu’un personnage, les pièces de caractères sont à la fois expressives et descriptives, et en cela des objets de communication particuliers dans le répertoire pianistique. Mon corpus est constitué de quinze pièces extraites des Fantasiestücke op.12 de Robert Schumann, des Sieben Charakterstücke op.7 de Félix Mendelssohn, des Quatre pièces caractéristiques op.5 de Clara Schumann, des 12 Études caractéristiques op.2 d’Adolf Henselt et des 12 Études op.95 d’Ignaz Moscheles.
La réflexion que je mène dans cette thèse part d’une volonté de penser le rôle de l’interprète comme un rôle actif et créatif. Mon travail s’inscrit dans un pan de la narratologie musicale qui a pour point central le rôle de l’interprète dans la structure du discours musical, dans le cadre d’une performance. Comme l'écrit Christian Hauer :
Le narrateur – l’exécutant – raconte l’histoire qu’est l’œuvre, lui donnant forme et expression, prenant en charge son actualisation. La partition apparaît ainsi comme un ensemble d’instructions que l’exécutant doit déchiffrer, littéralement mettre en œuvre, au même titre qu’un acteur de théâtre pour le personnage qu’il incarne.
J’entends ici analyser les textes à plusieurs niveaux : à un premier niveau qui est celui de la partition, et à un second niveau qui est celui des choix d’interprétations. Je m’interroge donc sur les choix multiples offerts à l’interprète en termes de structure temporelle du discours, de choix de textures sonores et de répartition polyphonique. Les pièces de caractères étudiées présentent un grand intérêt analytique en termes de structure générale (grandes lignes, phrasés longs, tensions et détentes) et de petites unités (séquençage, tensions harmoniques, analyse des topiques, etc.).
Les différents modes de jeu dont dispose l’interprète sont également questionnés : si en effet comme l’affirme John Rink “la création physique du son par le corps a une incidence non seulement sur sa nature mais sur sa portée sémantique” , alors paratexte et technique pianistique peuvent être intimement mêlés. L’étude de l’interprétation des pièces de caractère me semble fondamentale dans le répertoire pianistique : celles-ci marquent un tournant compositionnel et sont des objets poétiques qui ouvrent aux pianistes des possibilités sonores et imaginaires extrêmement variées. C’est donc à partir de l’analyse des différentes formes de pièces de caractère du corpus, de leur titre et du paratexte relié à celui-ci que je souhaite proposer des pistes d’interprétation. 

Précisions sur le lieu
209, avenue Jean Jaurès
75019 PARIS
Date d'inscription en thèse
Date de soutenance