Le mawwāl artistique égyptien est une forme de cantillation mélismatique improvisée d’un poème dialectal égyptien qui a pris une place importante dans le cadre de la waṣla (macroforme de concert en parcours-obligé) de l’école de la Nahḍa (renaissance culturelle arabe) égyptienne, menée par ‘Abdu al-Ḥamûlî (1843-1901). Plus particulièrement les chanteurs de la Nahḍa en a laissés d’importantes traces discographiques qui constituent des modèles du genre (Lagrange, 1994). Ce projet de thèse s’intéresse à cet art pour tenter de mieux comprendre le processus improvisatif (compositionnel en direct) qui lui est sous-jacent. Pour ce faire, nous adoptons l’hypothèse de l’existence d’une grammaire générative musicale que propose la théorie sémiotique modale (Abou Mrad, 2016) et qui permettrait de formuler un nombre restreint de règles susceptibles de décrire (voire de prédire) l’élaboration compositionnelle/improvisative des phrases musicales étudiées des mawwāl-s , en fonction du mode, des paradigmes métriques poétiques et de la tradition musicale contextuelle. Elle propose d’abord une réécriture morphophonologique rythmico-mélodique transformationnelle (matricielle linéaire) de ces phrases, qui s’appuie sur la métrique poétique quantitative, avec une réduction dite nucléaire des notes focales/saillantes des unités métriques du flux monodique et leur articulation en des unités morphologiques également sujettes à une réduction nucléaire. Cette réécriture morphologique donne ensuite prise à une réécriture morphosyntaxique modale transformationnelle, à base de vecteurs porteurs de modalités sémantiques. Ces réécritures permettent en somme d’offrir une description algébrisée de l’élaboration de l’acte improvisatif cantillatoire lié aux phrases du mawwāl.