Le ballet « Les Fêtes d'Hébé » traite des talents qui font habituellement l'objet de l'Opéra et qui sont mis au service de l'amour sur scène : la poésie et la déclamation (1ère entrée, « La Poésie »), le chant et l'harmonie (2ème entrée, « La Musique ») et enfin la danse et la chorégraphie (3ème entrée, « La Danse ») ; d'où le titre alternatif du ballet « Les Talents lyriques ». Dans cet opéra-ballet, Rameau donne systématiquement la priorité aux rôles féminins. Le prologue glorifie Hébé, la déesse de la jeunesse, et son alliance avec l'amour, tandis que « La Poésie » fait l'éloge de la poétesse Sapho, qui chante presque tout au long de l'œuvre, et que « La Musique » se concentre sur l'omniprésente princesse Iphise ; enfin, « La Danse » a pour personnage principal la bergère Églé, qui excelle dans la danse et le chant.
Depuis la création, le texte du livret a été perçu comme plutôt déséquilibré. Rameau compense ces lacunes poétiques par une audace musicale et des innovations de premier ordre. Qu'il s'agisse de l'ouverture qui jette par-dessus bord le modèle de Lully, des mouvements choraux variés comme celui des Thessaliens « Que jusqu'au fond de nos grottes profondes », des airs virtuoses comme l'air de Sapho « Un jour passé dans les tourments » ou des magnifiques monologues d'Iphise et de Tirtée, l'originalité et la beauté de la musique témoignent d'une ingéniosité inouïe.
La partie principale de cette édition contient la version de la première en mai 1739 et la seconde version de « La Musique » donnée en juin de la même année. L'annexe comprend toutes les autres versions des Fêtes d'Hébé, à savoir l'intégralité de la première version de « La Musique », donnée à Paris du 21 mai au 21 juin 1739, ainsi que les passages revus ou ajoutés au mois de juillet suivant (danses pour La Barbarina) et lors des reprises de 1747, 1756 et 1764.