Notre travail de recherche a pour objectif d’éclairer le parcours logique dissimulé derrière les compositions pour le théâtre de Salvatore Sciarrino, afin de réduire la distance entre l’artiste e le destinataire de ses œuvres. Nous avons réfléchi dans un premier temps aux conditions culturelles qui ont joué un rôle important et décisif dans la création du compositeur pour ensuite nous pencher sur l’observation, l’analyse et la compréhension de son premier essai d’esthétique : Le figure della musica da Beethoven a oggi. L’analyse des formes musicales individuées et formalisées par Sciarrino s’est révélée conséquente pour :a. mettre en évidence la forma mentis du compositeur et les innombrables aspects de sa personnalité ;b. déceler l’ensemble de normes et de lois qui sont à la base de son langage organique.Sans nous engager dans le domaine sémantique de la musique, nous avons néanmoins réfléchi avec Sciarrino sur le langage musical et sur la question de sa communication. La recherche du compositeur se présente en fait comme un cas particulier de création d’un langage conçu pour le domaine artistique en général et non pas exclusivement pour le domaine musical.Afin de retracer les aspects les plus singuliers de son travail artistique, nous avons mis l’accent sur l’un des concepts fondamentaux de son enseignement : la musique découle entièrement de la réalité sonore qui nous entoure et qui en constitue l’essence. L’événement sonore, conçu en tant qu’organisme vivant, renvoie à l’idée de Sciarrino d’une écoute écologique, qui traduit la faculté de transformation des sons naturels dans le langage musical, à travers une écoute en perspective.Le découpage dramatique et dramaturgique mis en œuvre par le compositeur propose à l’auditeur et à l’interprète de sa musique un véritable travail de perception, à la fois du texte et de la musique, et les plonge dans un monde caractérisé par l’incertitude et l’imperceptibilité. D’où l’originalité de sa recherche musicale et de ses projets dramaturgiques, qui n’ont pas pour objectif de faire coïncider la réalité visuelle avec la réalité sonore, mais de l’évoquer à travers des sons imperceptibles, à la limite du silence.