Le recueil des vingt-quatre chansonnettes mesurées à l'antique de Jean-Antoine de Baïf mises en musique par Jacques Mauduit publiées une première fois en, 1586, et une seconde en 1588, offrent une lecture des textes mesurés de Baïf qui diffère à bien des égards de celle de Claude Le Jeune. Cette distance se traduit notamment par l'utilisation de procédés compositionnels qui n'appartiennent plus à la Renaissance, et annoncent l'époque baroque à venir. Cependant, l'absence de traités musicaux qui caractérise les années 1580 nous prive d'un ancrage théorique qui nous aurait permis d'enraciner notre travail dans un système. C'est pourquoi il nous a été nécessaire de construire les outils d'analyse que nous allions utiliser dans notre analyse favorisant une approche émique du recueil, au détriment d'une approche étique. Après avoir caractérisé la relation qui lie Jean-Antoine de Baïf à Jacques Mauduit, nous avons procédé à une étude poétique et musicale des chansonnettes en pratiquant successivement une analyse formelle et une analyse sémantique. La reconstitution des textes dans la graphie quantitative de Baïf dont l'original faisait défaut dans le ms. Fr. 19140 nous a permis de rétablir les schémas métriques des textes et d'en isoler les grands jalons structurels, chacun de ces éléments formels pouvant donner lieu à un événement musical. Puis, nous avons cherché à établir si ce recueil obéissait à un programme littéraire, et le cas échéant lequel était-il. Enfin, nous nous sommes penchés sur la traduction musicale du sens des textes, en observant à la fois les figuralismes ponctuels portant sur un mot comme les illustrations plus générales définissant l'ethos global d'une chanson.