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Résumé du projet de thèse

Au XVIe siècle, la musique vocale et la musique instrumentale sont intrinsèquement liées, car le répertoire instrumental est principalement constitué d’adaptations de pièces vocales. L’œuvre de Jean-Paul Paladin, luthiste du XVIe siècle d’origine milanaise, ne fait pas exception, comme en témoignent ses publications de tablatures de luths. Son œuvre est rassemblée en deux publications imprimées, l’une en 1549 , et l’autre en 1553 , contenant des tablatures de chansons polyphoniques, des fantaisies, ainsi que des danses (pavanes et gaillardes). Ce sont cependant les chansons polyphoniques qui nous intéressent : en effet, leur adaptation sous forme de tablature de luth permet d’éclairer la façon dont elles étaient interprétées. Notre interrogation sur l’interprétation au luth des chansons polyphoniques de la Renaissance s’inscrit donc dans un questionnement contemporain récurrent sur l’interprétation du répertoire ancien et son rapport à ce que Bernard Sève nomme « le non-notable » de la partition.
Depuis quelques décennies, tant les chercheurs que les musiciens se tournent vers les sources historiques et les traités afin de reconstituer la façon dont était interprétée cette musique à l’époque de sa composition. Nous avançons ainsi l’hypothèse que les deux publications de Paladin peuvent, de la même façon permettre d’éclairer une pratique interprétative, celle qui concerne les pièces vocales polyphoniques du XVIe siècle. En effet, les transcriptions de Paladin interrogent plusieurs aspects de la pratique musicale du XVIe siècle, et pourraient nous renseigner sur l’interprétation des pièces polyphoniques de cette époque. Elles interrogent premièrement l’attitude des musiciens face à une œuvre préexistante : quel était le rapport à la partition originale ? Quel était la place de l’improvisation, de l’ornementation, de la diminution ? Elles interrogent ensuite le rôle du luthiste face à ces œuvres : comment les luthistes adaptaient-ils une pièce polyphonique à leur instrument ? Comment combinaient-ils la réduction des différentes voix de la chanson originale avec une éventuelle diminution ou improvisation ? Quels sont les idiomes de ces diminutions luthistiques ?
Nous formons l’hypothèse que les tablatures de Paladin fournissent un répertoire d’outils musicaux spécifiques au luth qui pourraient permettre de répondre à ces questions relevant de l’interprétation de ce répertoire. Il s’agira de rechercher quelles sont les idiomes et les principes régissant son interprétation sur le luth, à travers une analyse musicale des tablatures de Paladin. Ces principes pourraient être déduits par une étude comparée des tablatures et des partitions vocales originales, mais aussi par une comparaison des tablatures avec les traités de l’époque. Cela permettrait ainsi de constituer un vocabulaire spécifique au luth, voire spécifique à Paladin, en particulier sur l’équilibre trouvé entre la réduction des voix et leur diminution.

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