Dans cette thèse, nous tenterons de comprendre le contexte culturel de l'usage de la notation proportionnelle dans des œuvres de Baude Cordier, Amans ames secretement, Tout par compas, Belle bonne sage et dans les pièces dites "à canon" du Manuscrit de Chypre (Tor., B.U., J. II. 9).
L'analyse de ces pièces a mis en évidence qu'elles sont d'une cohérence formelle parfaite. En effet, nous y avons trouvé des procédés d'écriture par lesquels la place de chacune des proportions qui y sont employées s'explique par des jeux de symétrie et d'engendrements successifs mais aussi par la mise en valeur de nombres ou de séries de nombres en raison de qualités arithmétiques décrites dans les Institutions Arithmétiques de Boèce. Nous avons également constaté que la symbolique chrétienne des nombres y a une place importante. Par ailleurs, nous y avons trouvé un usage du signe musical dont la complexité, qui excède de beaucoup les règles de notation de l'Ars nova française, ne s'explique pas seulement par le rythme de ces pièces.
Nous emprunterons des éléments de théologie, de théorie médiévale du signe et de la connaissance pour construire des cadres possibles dans lesquels ces œuvres furent élaborées, et comprendre les motivations d'une écriture rythmique certes déroutante, mais fascinante.