Séminaire doctoral et post-doctoral « composition, cognition, apprentissage »
Année 2024-2025
Le séminaire s’intéresse à tous les aspects de la musicologie contemporaine, et en particulier aux recherches mettant en jeu les méthodologies des sciences humaines tant pour les questions liées à la psychologie et à la cognition qu’à celle concernant les apprentissages. Il donne une place particulière à la création et à l’interprétation musicale en accueillant régulièrement des chercheurs et des artistes de divers horizons.
Vérité scientifique et liberté artistique
La musicologie à l’épreuve des œuvres et des écoutes
En faisant écho à l’Esthétique de Baumgarten, Cassirer fait la remarque suivante :
« Le sensible n’est-il pas justement […] le domaine du confus, de l’indistinct, le domaine donc qui s’oppose à la connaissance et que celle-ci tenterait vainement de pénétrer ? »
Ersnt Cassirer, La Philosophie des Lumières, trad. et présentation Pierre Quillet, Paris, Fayard, coll. « Agora », 1966, pp. 422-423.
Dès lors, comment prétendre constituer une science de la musique qui ne soit pas le simple recueil des traces subalternes d’un acte à jamais évaporé dans les limbes de l’éphémère, de la variation et de l’oubli ? Cette question concerne aussi bien les compositeurs, dont le savoir-faire, aujourd’hui, n’est plus suffisamment interrogé, que le psychologue ou le pédagogue, confrontés à l’érosion du relativisme.
Samedi 01/02/2025
10h-13h 14h-17h
Amphi Chasles
10h Aurélien Dumont (compositeur, docteur, Conservatoire de Créteil et CNSMDL, Lyon)
Composer la dé-coïncidence au seuil esthétique de l’écart
L’objet principal de cette intervention présente et interroge, à partir d’une expérience particulière, les liens possibles entre composition musicale et chantier conceptuel philosophique. Aussi, à travers l’analyse de plusieurs œuvres composées depuis les dix dernières années, je tenterais de montrer comment s’articulent et s’appliquent de manière pratique certains concepts essentiels de la pensée du philosophe François Jullien comme l’écart, l’entre et surtout la dé-coïncidence, au sein de ma production artistique.
11h30 Andrea Sarto (compositeur et enseignant)
Composer avec le geste
Cette réflexion sur le Geste est simplement à considérer comme un point de repère, orientant l'acte compositionnel, résultat d'une maturation de la pensée : du presque rien du début, jusqu'au quelque chose d'aujourd'hui, ouvrant la porte - j'espère - vers un ailleurs encore à imaginer, construire, écouter.
Mon intervention portera sur le cheminement et les perspectives de cette réflexion amorcée au début des années 2000 : des extraits de partitions, des esquisses, des exemples sonores et des doutes seront proposés et questionnés. Toutes les contributions, questions et critiques du public seront les bienvenues. Car la composition n’est jamais l’affaire d’un individu seul, mais elle est toujours le résultat d’une coopération entre personnes de bonne volonté.
14h Andrés González (compositeur - PUC)
Creating endemic sonorities: The sound consistency of heterogeneous
Is it possible to hear not only sounds but also time? When we hear familiar sounds, our consciousness tends to analyse them and file them away in some category previously stored in our memory. On the contrary, if what we hear poses difficulties of recognition (type-morphological), our consciousness concentrates more on the temporal development of the sound itself than on its encapsulation. With sound design examples, I will show the process of creating heterogeneous sonorities.
15h30 Claude Abromont (CNSMD Paris)
Enseigner les formes musicales : question de perspective
La nature des questionnements que suscite l’approche des formes musicales est d’une diversité stimulante : définir des modèles, des traditions, des typologies, des terminologies, scruter le déroulement temporel, étudier les articulations effectuées par les interprètes, s’intéresser à des corpus précis, leurs évolutions, leurs variantes, leurs contextes sociaux, etc.
Ma dernière publication, Précis d’analyse des formes musicales (Minerve), s’appuie sur un vaste corpus de publications, notamment américaines, qui ont exploré ces différents points. Elle tente aussi de dessiner un chemin perceptif qui pourrait sembler plus singulier, celui qui part de questions premières (langage, matériau, timbre, phrasé, fonctions formelles), les articule entre elles, les interroge à l’aide de nombreux exemples (plus de 150 vidéos annotées), avant de suivre le cercle herméneutique défini par Ian Bent (Music Analysis in the Nineteenth Century, vol. 2, 2008).