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Lettre d’information IReMus - avril 2024

 

Quelques mots de Théodora Psychoyou, directrice de l’IReMus

 

En cette année qui marque les dix ans d'existence de l’IReMus, nous reprenons nos lettres d’information de façon régulière, afin de présenter à la fois l’actualité de l’unité (des évènements, colloques, séminaires, etc. et des publications) et de nous attarder sur les projets en cours et sur les personnes qui les portent, en parcourant tous les degrés d’avancement dans la recherche, du doctorat jusqu’aux stades les plus expérimentés.


L’année passée a été marquée par le déménagement de l’unité et de l’adaptation (tant logistique que scientifique) au sein de son nouvel écosystème, sur le site François-Mitterrand de la BnF, par la réalisation du rapport quinquennal de l’unité et son évaluation, très positive et stimulante, par l’HCERES et par la poursuite de ses nombreux actions de recherche, formation et médiation scientifiques. Nous avons également entrepris des travaux transversaux de fond, concernant la refonte complète du site internet, la mise en place d’une plateforme transversale des ressources et outils numériques, et une réflexion concernant la structuration (et restructuration) thématique et disciplinaire des axes et sous-axes de notre unité, nourrie de notre propre auto-évaluation, de nos dix ans d’existence, et de l’évolution des objets, questions, méthodes et outils de la musicologie. Nous préparons une journée de séminaire général de l’unité pour la fin de cette année, qui permettra, à l’occasion de nos 10 ans, de discuter de la trajectoire musicologique de l’unité et de nos défis pour l’avenir.

 

Les projets et les personnes de l’IReMus

 

 

Les membres de l’IReMus sont impliqués dans une grande quantité, ampleur et variété de projets, à rayonnement national comme international. Dans chaque lettre d’information nous leur donnerons la parole pour présenter leurs recherches et projets.

 

À l’occasion d’une riche actualité de projets autour des avant-gardes et de la création musicale ukrainienne contemporaine (colloque, ateliers et deux projets de collaboration internationale), nous avons invité Louisa Martin-Chevalier, maîtresse de conférences à Sorbonne Université et membre de l’IReMus, à nous parler de ses recherches.

Vous êtes engagée dans plusieurs projets autour de la musique en Ukraine : de quoi s’agit-il et comment en êtes-vous venue à travailler sur ces sujets ?

 

Mes recherches actuelles sur la création musicale ukrainienne prolongent celles entamées dans le cadre de ma thèse de doctorat sur le compositeur d'avant-garde Nikolaj Roslavets, qui apportent des clés de compréhension sur les relations entre musique et politique en Europe de l'Est au début du XXe siècle, et permet de mettre en lumière ce répertoire méconnu en France. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, j’ai à cœur d’élargir mes thématiques de recherche à une aire géographique plus vaste qui concerne les pays de l’Est, notamment l'Ukraine, la Biélorussie, la Pologne et l'Ouzbékistan. Il ne s’agit pas de penser que la recherche scientifique sur la sphère russe n’a plus lieu d’exister, mais bien d’en redéfinir les contours et les enjeux.

 

Quels sont les principaux enjeux mobilisés et quels en sont les objectifs ?

 

Les projets de recherche développés actuellement proposent d’interroger la dimension musicale de la résistance ukrainienne et la place de la création musicale sur la scène diplomatique contemporaine. Je souhaite apporter un regard particulier sur les enjeux de genre et les différentes incidences de l’exil sur la création artistique. L'objectif premier de ces recherches est de documenter ces situations à l'aide d'un travail de terrain conséquent mené dans une perspective transdisciplinaire. Il s'agit de mener une réflexion théorique et empirique en témoignant de trajectoires singulières de musiciennes et compositrices ukrainiennes réfugiées en Europe. Par ailleurs, ces projets auront pour but d'insuffler une dynamique à travers diverses initiatives artistiques et scientifiques, des collaborations internationales, s’inscrivant dans une perspective émancipatrice de (re)construction. Au-delà d'un soutien à la création contemporaine ukrainienne, nous espérons que les rencontres – tant scientifiques qu’artistiques – tissées au fil du projet permettront aux musiciennes de s’inscrire de façon pro-active dans une dynamique de (re)construction et d’émancipation.

 

Quels sont ces projets, et quel est leur calendrier ?

 

Deux programmes scientifiques internationaux menés de 2024 à 2026 et soutenus par le CNRS et l'IReMus permettent de concrétiser ces recherches : le TANDEM avec la chercheuse Valeriya Korablyova "A Subaltern That Sings : De la résistance sonore à la diplomatie musicale dans l'Ukraine en temps de guerre" ; c'est un projet transdisciplinaire développé par l’Université Charles de Prague, le CNRS et le CEFRES. A l’intersection de la musicologie, de la théorie politique et de l’anthropologie culturelle, il propose d'interroger les liens entre la création musicale ukrainienne et la diplomatie depuis les évènements de Maïdan, tout en mettant un accent particulier sur les études postcoloniales.

 

Ensuite, j'évoquerai le projet international UkFeMM/Ukrainian Female Musicians and Migrations. Reposant sur une collaboration de l’équipe « locale » IReMus/CNRS (composée de Mateusz Chmurski, Denis Laborde, Hyacinthe Ravet, Théodora Psychoyou et moi-même) avec une équipe grecque (composée d'Anna Papaeti et Nelly Kambouri de l’ERC MUTE-Soundscapes of Trauma), ce programme se déploiera dans différents lieux où les musiciennes ukrainiennes déplacées sont présentes et tentera de cartographier les exils des musiciennes dans le champ concerné à travers des enquêtes et entretiens, échanges avec les collègues scientifiques et conférence. Nous travaillerons à l'élargissement de ces problématiques et à l’établissement d’un consortium international dédié aux enjeux étudiés en vue d’une demande de financement d’envergure à l’horizon 2025/2026. Nous nous retrouverons donc dans quelques mois pour la suite de ces aventures !

 

Quelques derniers mots sur la tenue d'un événement scientifique du 25 au 27 avril prochains à Sorbonne Université, dans le cadre du programme Ukraine dirigé par Jean-Cassien Billier, en partenariat avec The Ukrainian Contemporary Music Festival et The Ukrainian Institute : celui-ci comprend le colloque international "Les avant-gardes musicales ukrainiennes : de 1910 à nos jours", le concert "Les Nuits électriques : la musique ukrainienne d'avant-garde du XXe siècle" et un workshop co-organisé par Éric Maestri et mené par la compositrice ukrainienne Katarina Gryvul en collaboration avec l'ensemble Hanatsu Miroir et les étudiantes et étudiants du Master Analyse&Création (UFR de Musicologie). J'espère vous y croiser !

 

Agenda

 

 

Les prochaines semaines promettent d’être particulièrement riches,  avec de nombreux colloques et journées d’études mais aussi des séminaires, workshops et soutenances de thèse :

  • Une nouvelle édition de L’IReMus Présente…, le 15 mai.

  • La soutenance de thèse de Michel El Zoghby, sur l’analyse et la causalité du déclin de la situation musicale au Liban et du positionnement de la scène musicale libanaise à l’international, sous la direction de Gilles Demonet, le 29 mai.

  • La soutenance de thèse d’Ondine Razafimbelo sur la musique de Michel Legrand dans Les Parapluies de Cherbourg, sous la direction de Philippe Cathé,  le 30 mai.

  • La soutenance de thèse de Way Sun, intitulée Recherche des sons perdus de la musique xixia, sous la direction de François Picard, le 11 juin.

  • La soutenance de thèse de Julien Szulman, sur Georges Enesco, violoniste et ses techniques d’interprétation, sous la direction de Jean-Pierre Bartoli, le 19 juin ; la soutenance de cette thèse de doctorat de musique (partenariat Sorbonne Université - CNSMDP) est assortie d’un récital public qui aura lieu le 18 juin.

 

L'IReMus présente...

 

Coordonné cette année par Eric Maestri, Anne Piéjus et Théodora Psychoyou, L’IReMus présente, le séminaire général de l’unité, a repris à nouveau. Les précédentes séances ont accueilli des interventions de Pamela Zucker, Wissal Naceur, Leo McFaden (doctorants IReMus), d’Anne Rasmussen (William & Mary University, USA ; professeure invitée à Sorbonne Université en 2024) ou encore de Jean-Marc Chouvel (professeur à SU et membre de l’unité). La prochaine séance, à ne pas manquer, est prévue pour le 15 mai à la BnF, en salle Colette, et accueillera Lorenda Ramou (Conservatoire d'Athènes et université d'Ioannina, Grèce) et Adriana Soulele (chercheuse associée à l'IReMus) en présence du compositeur Alexandros Markeas (CNSMDP) qui nous présenteront leur projet commun, ainsi qu’Alain Bonardi (Paris 8) qui discutera de ses recherches. Séminaire proposé en mode hybride (en salle Collette et par visioconférence).

 

Building relationships in a changing world,

european musicological seminar